"C’est important que les conseils que je donne pour accompagner les marques soit basé sur une réalité terrain."

Astrid Lefevre-Staelens

17 janvier 2023

Riche de plus de 20 ans d’expérience professionnelle dans la mode, wholesale et retail, d’une formation dans le digital et d’une approche très terrain du métier, Astrid Lefèvre-Staelens a lancé, en 2022, 'We love fashion brands'– WLBB –  à Anvers pour accompagner la croissance des créatif·ves de Belgique. Depuis ses débuts en 2020 en tant qu’entrepreneure, Astrid a accompagné, avec succès plus d’une dizaine de marques : Collectors Club, Sarah de Saint Hubert, Lien Mertens, NDC,  Kaai Bags, Les Vraies Filles,  Max et Lola, Kunoka, Ludovic Lunetier, Doriane Van Overeem….

MAD a discuté avec Astrid Lefevre-Staelens.

Peux-tu brièvement te présenter ? 

"Je suis une Française de 40 ans, basée à Anvers depuis 15 ans. Suite à différents stages, je me dirigeais plutôt vers la communication, presse, puis après une expérience chez Burberry, je me suis découvert une passion pour la vente. J’ai adoré cette relation aux client·es, l’idée d’avoir des chiffres à faire, des budgets à atteindre. L’idée d’une finalité hyper concrète dans la relation commerciale me plaisait. Je me suis alors spécialisée avec un MBA en industrie du luxe et en développement commerciale et marketing. Lors de mes études à Londres j’ai rencontré l’homme qui est devenu mon mari et c’est pour lui que je suis venue vivre en Belgique. J’ai vite pris conscience que le néerlandais était très important et j’ai tout de suite pris des cours pour l’apprendre."

"Après une expérience de vente dans la boutique d’un créateur à Anvers, j’ai eu l’opportunité de travailler chez New Look Fashion Deal, une agence Anversoise. Pendant 11 ans dans cette agence, j’ai tout appris du développement commercial sur le marché du BENELUX. J’ai développé des compétences en négociation, en vente mais aussi en formation dans des grands magasins par exemple.  
Forte de cette expérience et grâce au réseau que j’avais développé, j’ai débuté mon activité entant qu’indépendante en 2020. Petit à petit c’est devenu plus claire pour moi, je souhaitais accompagner les marques belges dans leur développement commerciale. Depuis 2020 je travaille notamment pour Collectors Club, une marque avec un potentiel énorme. Je mets en place deux fois par an des showrooms à Anvers. C’est important que ce que je raconte pour accompagner les marques soit basé sur une réalité terrain."

Depuis le mois de juin, tu tends le micro aux différent·es acteur·ices du secteur mode. Pourquoi un podcast ? 

"Je suis fan de podcast ! Je clôture la saison 1 de mon podcast 'We love fashion brands' avec 14 épisodes en français, 10 en néerlandais et 1 en anglais. L’idée est de donner la parole aux acteurs de la mode belge, et dans leur langue maternelle c’est mieux ! La mode belge ne peut pas être qu’en français, ni qu’en néerlandais."

"Quand j’étais jeune je voulais travailler dans la mode mais je ne connaissais pas tous les métiers qui existaient. A travers le podcast je veux donner la parole à des parcours diverses, des personnes inspirantes et montrer la diversité des métiers qui composent le secteur."

"J’adore le podcast, je trouve que c’est un medium incroyable qui permet d’écouter en faisant plein de choses en même temps. En Belgique ce medium reste encore peu exploité par rapport à la France par exemple. Il va falloir un peu de temps pour que le podcast gagne réellement en visibilité mais je suis persuadée que c’est un super medium qui offre beaucoup d’opportunités."

Quels sont les défis actuels auxquels tu es confronté lors de tes accompagnements ?

"Le défi principal auxquels font face les jeunes coaché·es est le manque de vision, entant que mission de marque et développement commercial. Lorsque je pose les questions suivantes : quel est votre ADN de marque, votre message, vos valeurs ? Qu’est que vous pensez que vous apportez sur le marché ? Pourquoi viendrait-on chez vous et pas un·e autre ? Qu’est-ce qui vous différencie ? Tous pensent qu’iels savent mais il y a souvent beaucoup de superficialité dans cette approche-là. C’est vraiment important avec douceur et persévérance de les faire travailler là-dessus, car le message est souvent trop flou. En voulant plaire à tous, et ne se différenciant pas, iels ne se démarquent pas et ne trouvent pas leur message client·e. Parfois leur ADN est très fort, le·la créateur·ice est un·e créatif·ve mais le défi est alors le manque de stratégie commerciale. Comment générer de la vente, vers qui générer de la vente ? Pourquoi le online plutôt que le B2B, et quel marché ? Il faut impérativement connaitre qui sont les concurrent·es, et si le prix est juste. Suis-je aligné·e ? Est-ce que mon message, ma vision mon ADN et mon produit, mon prix, mon positionnement par rapport aux concurrent·es est juste ?"

"Ce sont les deux défis principaux auxquels je suis confrontée dans une industrie ou le nombre d’offre grandit. Souvent les créatif·ves ont des lacunes par rapport à la stratégie commerciale, car les écoles ne s’attardent pas suffisamment sur cet aspect. Il y a l’idée de vouloir faire du beau, mais un côté anxiogène lié au prix, à la vente, iels doivent développer leur money mindset. C’est important de connaitre ces enjeux-là pour accompagner son ‘sales speech’ en tout alignement. Je sens qu’il y a un vrai besoin d’accompagnement pour ça."

 

Quel conseil as-tu à donner aux créatif·ves qui se lancent en 2023 concernant leur vente ? 

"L’alignement, il faut absolument que leur mission, leur produit, leur prix et la réalité du marché, c’est-à-dire, les client·es et les concurrent·es soient alignés. De cette façon iels pourront développer et accompagner leur ‘sales speech’ plus sur d’eux."