© Rene van der Hulst

"J'aime travailler simultanément avec des techniques et des matériaux différents : cela m'inspire, me motive et me permet d'innover".

Kiki van Eijk

26 janvier 2023

Kiki van Eijk est une designer, céramiste, artiste et professeur néerlandaise à la Design Academy d'Eindhoven. Avec son partenaire Joost van Bleiswijk, elle a fondé le Studio Kiki&Joost. MAD s'est entretenu avec Kiki pour explorer son univers coloré.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?  

"Je suis née en 1978 à Tegelen. Enfant, j'étais toujours en train de bricoler et dessiner. À 17 ans, j'ai été accepté à la Design Academy d'Eindhoven où j'ai obtenu mon diplôme avec mention en 2000. C'était l'époque de la crise, alors, en partie par nécessité, j'ai créé mon propre studio. Ce fut finalement un choix très agréable et satisfaisant pour moi. Dans ma vie et dans mon travail, je fonctionne essentiellement à l'intuition. Ratio que j'utilise comme un outil. J'essaie également d'enseigner cela à mes étudiants dans le cadre du cours "Thinking Hands" que j'ai créé il y a un an et demi avec Joost à la Design Academy d'Eindhoven, où j'enseigne aussi."

Entre-temps, vous avez créé le studio de design Kiki & Joost avec Joost van Bleiswijk.  

"Joost et moi partageons un bâtiment commun que nous avons construit selon nos propres besoins. Il est entièrement constitué de bois de douglas et est neutre sur le plan énergétique. C'est comme un terrain de jeu où nous expérimentons constamment différentes techniques et matériaux, très concrets. Cependant, nous travaillons principalement de notre côté. De temps en temps, il nous arrive de travailler ensemble, mais chacun fait sa partie, celle qu'il maîtrise le mieux. Même si Joost et moi avons chacun notre entreprise et nos clients, nous sommes comme deux partenaires. Nous sommes rarement en accord tout de suite, ainsi, les résultats sont toujours différents de ceux que l'on obtient lorsqu'on conçoit soi-même quelque chose. C'est très intéressant, mais aussi intense, c'est pourquoi nous ne collaborons qu'en de rares occasions.

Dans chaque projet, j'essaie de me laisser guider par le processus autant que possible.Chaque projet nécessite une approche différente, c'est pourquoi je n'ai pas une méthode de conception définie. Mon travail alterne entre travail sur commande et travail autonome, ce qui, pour moi, est une combinaison agréable et inspirante."

 

Dans votre pratique, vous travaillez dans différentes disciplines ; par exemple, vous travaillez à la fois avec le textile et la céramique. Pourtant, deux matériaux très différents. Comment ces différentes disciplines s'influencent-elles mutuellement dans votre œuvre ? 

"J'aime travailler simultanément avec des techniques et des matériaux différents en permanence : cela m'inspire, me motive et me permet d'innover ! La céramique est dure et le textile est très doux. D'une part, ils forment un énorme contraste l'un avec l'autre, mais les deux matériaux sont également très fragiles. Pour moi, c'est un lien entre les deux et c'est sans doute la raison pour laquelle j'ai une prédilection pour ces matériaux. Ils répondent à vos sentiments en tant qu'utilisateur ou spectateur, mais ils sont également très méditatifs pour le créateur. Ces deux matériaux ont un côté très concret, mais sont aussi très poétiques. Je trouve cet aspect très fascinant.

Je travaille actuellement sur un nouveau projet autonome dans lequel je vais combiner la céramique et le textile. Pour être exact : raku avec passement, une corde tissée à la main que je développe en collaboration avec le TextielMuseum Tilburg. Ainsi, les disciplines se mêlent dans mon travail, comme une communication non verbale !"
Vous avez collaboré avec Serax, comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ? 

"Il y a des années, au début de ma carrière, ma théière souple (une théière cousue dans du textile puis moulée en céramique) a fait l'objet d'un reportage sur mon atelier de l'époque dans Elle Deco. Le propriétaire et directeur de Serax de l'époque, Frank Lambert, m'a alors appelé pour fixer un rendez-vous et voir ce que nous pouvions faire ensemble. La théière faisait déjà partie de la collection de Cor Unum, j'ai donc décidé de créer quelque chose de nouveau spécialement pour Serax. Ce modèle fait encore partie de leur collection à ce jour : les sacs en papier. Il est peut-être temps de voir ce que je pourrais créer de nouveau pour leur collection."

 Quel conseil donneriez-vous aux designers ? 

"Utilisez votre intuition comme une boussole. Et continuez, même lorsque les choses ne vont pas très bien. Si vous parvenez à développer votre propre identité et à vous lancer des défis créatifs, vous trouverez toujours des choses utiles pour les autres. N'abandonnez pas trop vite, il faut au moins 10 ans pour arriver là où vous voulez être. Et n'oubliez pas : vous continuez à apprendre tout au long de votre vie et votre chemin changera toujours. Restez donc flexible et, surtout, ouvert. Donnez et permettez vous cette liberté !"

Le 8 février, nous invitons Kiki à un lunch créatif et à une discussion à MAD Bruxelles. Elle partagera avec vous ses idées, son processus créatif et ses expériences au cours de ce lunch inspirant. Inscrivez-vous ici